314m3

 

Exposition de Oussema Troudi et de ses invités : Z. Eightsus, C.Bong et D.V.S.C. Furer, à l'espace d'art Mille Feuilles, Décembre 2012.

 

La salle a été équipée de lumière UV et les œuvres ont été conçues de manière à donner à avoir des aspects différents selon la lumière ambiante. Après 2 heures de l'ouverture de l'exposition, la lumière ordinaire est éteinte en même temps que s'allume la lumière UV. Une nouvelle exposition se montre.

 

L'artiste Amel Bouslama a donné une performance dansante "3'14"" pendant l'ouverture de l'exposition. Son costume lui a été conçu par le designer Asma Ghiloufi.

 

Les membres de l'Association des Étudiants et Stagiaires Africains en Tunisie AESAT ont exécuté une performance "les infiltrés", le soir du vernissage de l'exposition.

 

Merci à Amel Bouslama, Saloua Mestiri, Raouf Medelgi et Meysem Marrouki pour leurs textes.


Préparatifs

Que cette exposition aboutisse est en soi une performance.

Autour d'un café à la Marsa, chacun des quatre a parlé de quelque chose qui l'intéressait à ce moment-là. Oussema a dessiné un peu, Donovan jouait avec un faisceau "laser" dans sa tasse de thé, Selsebil a parlé des Méduses qui produisent leurs propres lumières au fond des océans et Christopher, grand fan des romans policiers, a écouté attentivement les trois à la recherche de liens...

Deux ou trois cafés plus tard, on parlait déjà d'une exposition et la salle était réservée. Au fil des réunions, ce qui allait devenir 314m3 prenait forme en fonction de l'architecture de la salle, des moyens financiers et du possible technique, mais aussi en fonction d'un public hypothétique : que va-t-on lui montrer ?

Quoi qu'il en soit, chacun des quatre artistes raconterait différemment l'enchainement qui a donné lieu finalement à cette exposition, car l'enjeu principal a été que chacun y trouve d'abord son compte. Peut-être que le public, jadis imaginé et désormais virtuel, pourra à son tour établir des liens entre ces points de départ aussi disparates et le vernissage du 15 Décembre 2012.

Œuvres

Oussema Troudi, Papillon, acrylique sur toile, 450x200cm, 2012.


Exposition

Œuvre collective : Papillon, sous lumière UV.

par : Oussema Troudi, Christopher Bong, D.V.S.C. Furer et Zanjabil Eightsus.

 

Sur la photo, l'artiste Amel Bouslama donne une performance dansante : 3'14".

 



Trois minutes et quatorze secondes

Amel Bouslama

 

 

   Ma réception de la pratique du plasticien subtil qu’est Oussema Troudi fait que je réagisse par le geste dans l’espace et le temps, comme d’autres personnes peuvent réagir par une toute autre manière. En d’autres termes, je me découvre un spectateur si actif, au point que la pureté, la poésie et le souffle nouveau dégagés par les œuvres m’emportent dans le sens des cercles, des spirales et des sphères et ce, jusqu’à la polarisation !

 

   Oussema se rappelle bien de mon message à la suite de notre rencontre cette année quand je lui ai écrit : « Je suis happée par tes sphères et j’y entre ».

Par cette déclaration, je communiquais mon accord concernant l’invitation de l’artiste plasticien qui m’est adressée pour agir en performant lors du vernissage de son exposition.

   En réalité, notre rencontre lors d’une exposition de groupe en mars dernier « à dire d’Elles… » m’a effectivement fait découvrir chez l’artiste un univers qui résonne avec le mien !

   En effet, dans le travail d’Oussema Troudi, je respire une légèreté d’être, une clarté et une limpidité du regard, du propos. Le plasticien ramène son geste à l’essentiel : point, ligne -enseignements dispensés par les maîtres de l’art visuel tels Kandinsky et Klee- se suffisent.

   Sans fioriture, ni détour, Oussema a l’audace, la sûreté et la confiance d’aller droit à l’essentiel, à la quintessence.

   Au vu des multiples qualités et effets plastiques des toiles et dessins, ajoutées aux spécificités de l‘Espace d’A rt Mille Feuilles ; comme un aimant, ces riches et denses aspects réunis m’entraînent dans la danse !

   Le tournoiement dans l’infiniment petit de la structure de l’atome, comme dans l’infiniment grand de la structure des planètes et des galaxies, me fait chavirer parfois, sans que je ne tombe. Ainsi, me promène-je non sans prétention dans l’orbite du microcosme et du macrocosme !

   Dans le costume mi-immaculé, mi-vaporeux conçue à l 'occasion par la designer Asma Ghiloufi et réalisé par la mère de l'artiste,saisie par l’énergie que diffusent les dessins, les spirales et les sphères d’Oussema, je déambule et roule dans l’espace et le temps !

   É-prise dans le tourbillon, le ravissement poussé à son comble, je ne perds le nord que pour mieux le retrouver.

   Présente, forte et consciente de ma fragilité, certaine et sûre de mon geste, je gravite et tourne, tourne, tourne !!!

   Rûmi, Béjart, Zarathoustra « le danseur qui philosophait avec ses orteils », m’accompagnent parfois, avec leurs pensées, leurs actions, leur foi et leurs voies respectives.

   La quête est bien longue et sans fin affirme-t-on, mais ce qui compte est le cheminement, l’instant, la présence, l’action, l’exaltation éprouvée et l’enchantement partagé avec les spectateurs.

 

   Nul vertige, mais la tête haute, les pieds et les jambes posés bien droits sur le sol, notre terre.

   Nord, sud, est, ouest.

 

   Les œuvres d’Oussema Troudi ajoutent une liberté et élargissent l’horizon.

 


Voie lactée ô sœur lumineuse ... Apollinaire    

 Saloua Mestiri

 

   Depuis sa Racine de U, date de ma première rencontre avec son travail jusqu'à l'exposition de l’Espace d’Art Mille Feuilles, intitulée cette fois 314 mètres cubes... une même et énième énigme parcourt le travail qu'Oussema Troudi dérobe transe, tout autant qu'il déploie visibilité à outrance...

 Dans ses espaces, Il ne s'agit nullement de décoder et de déchiffrer malgré la prégnance des chiffres dans son spectacle, mais d'accueillir, de se laisser envahir, pour pénétrer son univers... un univers qu'il partage cette fois, avec ses premiers invités, Z. Eightsus, D.V.S.C. Furer et C.Bong... je dis bien "premiers" car nous en sommes, nous qui assistons, les seconds et non les derniers.

 D'une exposition à l'autre, sa peinture se métamorphose mais imperceptiblement. Malgré les nécessaires apparences qui l'habillent autrement, elle reste la même. Une utopie, un inédit, qui se précise à chaque fois davantage, même s'il avance toujours masqué.

 

Acte I : Une valse deux tons...

 

 Le public présent découvre l'exposition, grandes toiles blanches peuplés d'éclaboussures. Taches éclatées ponctuant les grands dénudés qui vont multipliés. Oussama Troudi y fait chanter le noir, le plus sombre des noirs, celui des rayons et du plus tendre des crayons, lignes qui brodent le vide de chaque page firmament. Les pieds dans le sol ancrés, il tisse de poussière, le parcours de sa danse suprême.

 Sa chorégraphie raconte les escarbilles nouées, cercles en dentelle, dans le big bang lâchés. Des novas, une paix née traits, de fils sillonnée, sont infini dans la salle amarré.

 Ses traces de nostalgie relatant l'incommensurable, sont autour du sextant palpables et mesurables... chiffres qui calculent les traces étoiles, jaugeant les nues qui sont hauteurs et qui sont largeurs. Nous apprenons que ce ciel d'ici-bas possède des grandeurs, sept mètres quarante, trois mètres soixante-dix, un mètre soixante, bref, 314 mètres cubes que nos pieds foulent du regard...

 Sous la lumière atone, Asma Ghilouffi talonne les énigmatiques ampleurs. Une lignée de sonnets s'y abandonne disciplinée et une seconde se détache prose, pour une destinée autonome, Vous voilà | Pris par vous-mêmes | Dans le vertige du suivant | Tourner....

 

Acte II : Une valse à mille tons...

 

 Saisissement ! L’artiste décide à l'instant, de l'apparition d'une lumière… et la Lumière fût ! Déversement de clarté !

 Renversement, c'est le lacté qui sur les pages se fait Présence au détriment des lisières qui disparaissent ! Les grâces ivoirines s'entremêlent, enchantement du lieu !

 Ravissement du public ! Nous nous dévisageons, inconnus et nous découvrons paroxysme des éclats !

 Des êtres étranges marqués de lumière surgissent, se mêlent au décor de magie planté, tandis que s'élèvent la voix improvisée de deux jeunes barytons pris par la féerie du lieu...

 Une ombre que cisèle la lumière virevolte, c'est amel qui scintille, lueur étrange dans la galaxie constellée, fée tourbillonnante au-dessus du ciel que nous foulons du pied, surface ébène.

 

Oussema Troudi, son dôme aux sept lieux, il nous le donne en partage. Oiseaux de nuit, nous brillons de mille feux, autant que les giclures, par une trame aux UV accompagnés.

 Balayés de radiations nous révélons nos lumières, ici et là nous apparaissons essaims d'étincelles et musique des sphères. Notre corps est médium, lucioles sur le sol non plus déchus, mais sauvés. Nous sommes, feux follets gravitant sur le chemin de poussière, traces rayonnantes à même la prunelle. Une fourmilière aux bourgeons, de traits nés, irradie la salle éveillant l'âme du pavé que le limon retient muet.

 Le flanc des peintures tremble et éclabousse les murs, une trainée d'étoiles. La galerie poreuse est itinéraire, elle mène jusqu'au ciel. Ses limites, ses 314 mètres cubes disparaissent. La voie lactée, nous l'avons qui erre sur notre chair décalage, hyacinthe et or sont ses rivages...

 

 

 

"Lueur, flambeau, clarté, vaste éblouissement

De porteurs de lauriers et de porteurs de lyre

À l'homme encor sauvage enseignant leur délire ;

Puis nous reconnaissons parmi des spectres vains

Les inventeurs sacrés, les beaux géants divins,

Pareils à des lions dont la fauve crinière

Embrase leurs fronts d'or que baise la lumière..."

 

Théodore de Banville

 


Jeu de lumières

Raouf Medelgi

journal Le temps (Tunisie), 23 Décembre 2012.

 

   Actuellement et jusqu’au 04 janvier 2013, l’espace d’art Mille Feuilles accueille l’exposition de Oussema Troudi. Une exposition placée sous le signe de la performance artistique dans tout ce qu’elle a d’original : sans frontières et sans limites. En effet, Oussema Troudi invite de jeunes talents du Maghreb, d’Europe et d’Afrique subsaharienne : Zanjabil Eightsus, DVSC. Furer et Christopher Bong qui offrent par leur regard une vision particulière de l’art faisant écho à l’œuvre de Troudi.
  

   C’est sous le signe de la découverte qu’est placée cette exhibition de travaux qui ne nous laissent pas indifférents de jour comme de nuit… Le blanc et le noir. Un tandem chromatique caractérise l’essentiel de l’exposition. Un Yin et un Yang qui nous placent, nous visiteurs, dans les extrêmes de l’inconnu et de la synthèse de toutes les couleurs. Nous sommes d’emblée placés dans une plénitude première qui nous incite petit à petit à entrer dans l’œuvre. Peu à peu, l’œil est happé par les traits pris dans les cercles concentriques ou dessinant leurs contours. Les lignes s’entremêlent, elles sont raides ou oscillent pour dessiner une spirale infernale. Des formes géométriques, une sorte d’arabesque, peuplent l’espace, le meublent de cette présence tacite d’un mouvement inhérent à l’œuvre entière, comme le travelling d’un cinéma que continuent les points et les taches qui semblent disposés aléatoirement. Pourtant sur la toile ou le plexiglas, elles suivent le mouvement d’une rotondité presque parfaite ou se meuvent en constellation quasi linéaire. Le regard se laisse séduire par cette danse singulière où la condition humaine est le centre de l’attention. La vie paraît dans tout ce qu’elle a de violent et de mystérieux.

 

   Le soir c’est une vision cosmologique qui nous saisit. Sous la lumière noire, d’autres traits et d’autres taches font leur apparition dans l’œuvre. Vifs dans leur clarté et intenses dans leur vivacité, ils nous transportent au-delà du connu et du commun afin de voguer dans les cieux et toucher de près les étoiles. Nullement romantique, cette exhibition nocturne se voudrait une vision onirique où l’esprit réinvente l’œuvre selon son humeur. Le lien tacite entre le visiteur et les artistes est une connivence inachevée qui est recommencée à chaque fois que l’œil se pose une nouvelle fois sur l’œuvre.


   A travers une œuvre contemporaine où l’installation et les performances (danse et chant lors du vernissage) côtoient les toiles, Oussema Troudi et ses invités ont transcendé l’art dans tout ce qu’il a de violent et de beau. Les œuvres diurnes ou nocturnes sont intrigantes. Nous nous déplaçons parmi les travaux de l’artiste et ses acolytes en nous émerveillant de la puissance qui en émane. L’âme est tantôt en alerte tantôt en ravissement balançant entre le réel d’une condition et l’utopie d’une élévation.


   Oussema Troudi réussit à donner un nouveau souffle dans l’expression artistique, un souffle vif dans sa sérénité semblant émerger d’une rêverie où vrai et vraisemblable sont alternés pour le plaisir « des regardeurs » avertis et profanes…


 

Accusés de réception

 

 

Lorsque

 Sous les pieds,

 S’estompent

 A petits pas

 Les pointes

 Fines

 Du temps

S’offrent

Au grand jour

 Les craintes

 Mine

 De rien

 Vous marcherez

 Sur des miroirs

 La marche

 Des vivants

 Et sur les murs

 Vous verrez accrochée

 L’ombre

 Encore humide

 De vos mains sur la tête.

 

Valse du temps

 

 

Vous voilà

Pris par vous- mêmes

Dans le vertige

Du suivant,

Tourner,

Contingents,

Autour du rien

Invisible

Que vous appellerez

Le centre

De là où

Vous tournerez

Toujours.

 

Ô hasard !

 

 

Dans cette aire,

Si tracée

Que l’œil

Y renait

Point

Et s’y perd

Où Règle

N’est plus

Ni Autre

Ni Heure

L’âme est

Comme dans l’eau

Dissoute.


poèmes de Asma Ghiloufi


Le tissé ensemble

 

Meysem Marrouki

Journal La Presse (Tunisie), le 08 Janvier 2013.

 

 

  Le «je» dédoublé, décuplé, se heurte à l’Autre, saisit ses cordes cosmiques... Ensemble à l’unisson, ils tissent un tourbillon de lumière qui résonne et chante l’ultime utopie...

 

  Il a fallu réserver, depuis près d’un an, l’espace d’Art Mille Feuilles, pour organiser cette exposition intitulée «314m3» (trois cent quatorze mètres cubes), l’une des plus saisissantes et des plus intéressantes de l’année 2012. Signée par le plasticien tunisien et chercheur en arts plastiques Oussema Troudi et ses trois artistes invités — Christopher Bong, D.V.S.C. Furer (Donovan Caridi) et Zanjabil Eightsus (Selsebil Oustad) —, cette exposition se présente comme une grande installation, impliquant, entre autres, comme matériaux : mesure, lumière, jeux de reflets et éclairage.

 

Poïétique ou making off

 

  «314m3» s’inscrit dans la suite de trois expositions antérieures de l’artiste «Racine de U» (novembre 2009), «Hymne à...» cosignée avec Eraser Man (février 2011) et «Asymptotes» (mai 2011). A l’image de «Hymne à...» qui a eu lieu à la galerie Artyshow, trois semaines après le 14 janvier 2011, où le sol a été recouvert d’un film vert gazon avec un traçage blanc (comme pour reconstituer un terrain de football) avec «sur la touche» des personnages (policiers, infirmiers, soldat...) représentés en musiciens jouant au même orchestre, le sol de l’espace d’art Mille Feuilles a été recouvert d’un film noir avec toujours ce souci de la mesure qui revient ici tremblotant de lumières et renvoyant via le noir miroitant d’aveuglantes étincelles blanches.

 

Une histoire de rencontres

 

  Le léger film noir sépare ou plutôt rapproche subtilement mesure et démesure et fait que les lignes s’éclaboussent pour éjaculer par-delà les bords de l’imposante toile-installation « Papillon» qui est cosignée par les 4 artistes. Elle se présente comme la somme d’enchevêtrements et d’entrelacements d’acrylique et d’encre UV, doublement visible et sur la toile et sur le sol et réfléchissant sa double lumière (noir et blanc) sur le sol pour répandre ses éclaboussures. L’image devient vision ou séquence cinématographique en suspens où l’on aurait saisi fortuitement le devenir de la matière-lumière (ici acrylique) qui rencontre le sol...

   Pas qu’en suspens en réalité, peut-être même au ralenti car la vision change selon où que l’on se place, selon l’éclairage (jour/nuit) et selon notre envie d’interaction et d’échange. Une vision que l’on aurait saisie après-coup et l’on se demande qui fut le premier, le reflet ou l’image...?

  La figure de l’énorme papillon doublement visible n’est en réalité qu’à moitié vue, nous explique Oussema T., et d’ajouter: « Il ne s’envole pas et n’existe que par son reflet, il ne le quitte donc que pour disparaître.»

  Le Papillon et toute l’exposition-installation sont aussi la rencontre de quatre sensibilités, celle de Oussema avec Christopher Bong, peintre, dessinateur, illustrateur d’origine camerounaise, qui est installé à Tunis pour ses études d’arts graphiques à l’ESAD et, paraît-il, très actif dans différents événements culturels à Tunis et même à l’intérieur du pays, l’Italo-Suisse D.V.S.C. Furer qui vit en Tunisie depuis son plus jeune âge.  Il suit actuellement une formation en arts graphiques et publicité à l’EAD, où il a rencontré le reste de l’équipe et enfin Zanjabil Eightsus, dessinatrice en communication graphique d’origine berbéro-marocaine. Elle poursuit actuellement un cycle en art et décoration à l’EAD à Tunis, après des études à l’école d’art parisienne Corviart. Mais il n’y a pas que ceux-là, il y a aussi l’apport de Sami Saddi, un technicien particulièrement polyvalent, nous apprend Oussema, qui a su, selon lui, «rappeler aux plasticiens qu’ils pensent avec leurs mains».

 

L’installation

 

Cette fructueuse rencontre a donné naissance à une installation collective d’un genre bien particulier dans le sens où elle est composée de trois œuvres distinctes et autonomes : une peinture fluo sur toile intitulée «Le Gun d’Eightsus» et réalisée par Selsebil.

 Le fluo lui venant de sa fascination pour les méduses phosphorescentes, par le fait surtout qu’elles sont productrices de leurs propres lumières. Découvrant les matériaux Fluo et UV en peinture, elle explore cette technique en France avant de pouvoir l’exploiter à Tunis pour l’exposition. En face du pistolet fluorescent viennent se poser les trois «Portées» (tirages sur plexi montés sur des socles comme des sculptures) d’ Oussema. Elles nous renvoient à une autre toile exposée «R» (encre sur toile), emblématique de sa pratique de cette dernière année. Elle figure un ensemble de points où chacun est relié à tous les autres par une ligne droite, générant un trompe-l’œil où il nous semble voir des cercles alors qu’ils n’existent pas. «Les croisements des lignes reproduisent à l’intérieur la forme externe», explicite l’artiste. Une forme externe qui a l’allure d’un cercle où l’on tourbillonne jusqu’à on ne sait où et quand...

 Placées simultanément l’une en face de l’autre, les trois portées sur plexi semblent se chevaucher et s’emboîter dans un jeu de vide et de plein pour nous mener vers la 3e œuvre, une installation intitulée «La scène de crime», avec la trace d’une victime dessinée à même le sol par C. Bong. «Certains voient dans cette installation une critique de la mondialisation et une interprétation de la pensée complexe de Morin, ce qui n’est pas faux», explique encore ce dernier.

 

 L’exposition se poursuit jusqu’au 10 janvier 2013. A voir et à vivre absolument.